dimanche 13 septembre 2009

De la rive droite à la rive gauche: Pourquoi ce titre?

Dans un premier temps, je dirais que si j'ai choisi ce titre, c'est parce que tous les jours je traverse la Seine: depuis près de 30 ans, j'ai toujours habité rive droite et travaillé rive gauche.
Mais vous vous douterez bien que les raisons de ce choix cachent autre chose. Ceux qui connaissent Paris savent qu'historiquement il y a dualité entre les deux rives, comme entre le blanc et le noir, comme entre le yin et le yang, comme entre l'anion et le cation; des caractères opposés qui s'attirent et se repoussent. Comme en chacun d'entre nous, j'imagine.
Comme moi qui me sens parfois "ni tout à fait la même ni tout à une autre".
(je me permets de citer un grand poète nommé VERLAINE : Mon rêve familier -Poèmes saturniens/melancholia VI 1866).

Sans remonter très loin dans l'histoire de Paris, on en a la caricature suivante:
• Rive droite
- La butte Montmartre, ses peintres au XIXème siècle et ses chanteurs de rue avoisinant les quartiers réputés pour leurs maisons closes.
- Ses quartiers populaires : la Goutte d'Or, Ménilmontant, les Batignolles, etc
- Les Halles et sa soupe à l'oignon de 5h du matin.
- Son quartier des affaires entre Opéra et Bourse.
- Les Champs Elysées -paraît-il plus belle avenue du Monde- et les quartiers riches qui l'entourent.
Edith Piaf, Maurice Chevalier, Toulouse-Lautrec sont des "rive droite"


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/48/Get_lautrec_1894_salon_in_the_rue_des_moulins.jpg/300px-Get_lautrec_1894_salon_in_the_rue_des_moulins.jpg
• Rive gauche
- Montparnasse,  ses peintres (beaucoup plus intellectuels ceux-là) et ses beaux immeubles de l'époque Art déco.
- Saint-Germain-des-Prés et ses intellectuels qui ont rendus certains lieux mythiques, avec ses zazous de l'après-guerre (la seconde guerre mondiale) et ses caves où on jouait du jazz.
- Le quartier latin, ses Universités et ses Grandes Ecoles.
- La Butte aux Cailles qui a été  ongtemps un village puis  est devenue zone industrielle grâce à la rivère appelée La Bièvre (pas la peine de la chercher elle est enterrée depuis des lustres), et a désormais un charme très particulier.

http://expositions.bnf.fr/sartre/images/3/099.jpg
Répétition du Désir attrapé par la queue chez Picasso

16 juin 1944. Photographie, épreuve aux sels d'argent. 23 x 18 cm
BNF, Estampes et Photographie

Cette photographie a été prise le 16 juin 1944 dans l'atelier de Picasso, 7, rue des Grands-Augustins, à Paris, où, pour les remercier et les faire photographier par Brassaï, l'artiste avait invité tous les participants à la première lecture du Désir attrapé par la queue, la farce théâtrale qu'il avait écrite du 14 au 17 janvier 1941. Cette lecture avait eu lieu le 19 mars dans l'appartement de Zette et Michel Leiris avec la participation de l'intelligentsia parisienne. Debout, de gauche à droite : Jacques Lacan, Cécile Eluard, Pierre Reverdy, Louise Leiris (Les Deux Toutous), Zanie Aubier (La Tarte), Picasso, Valentine Hugo, Simone de Beauvoir (La Cousine). Assis : Sartre (Le Bout rond), Albert Camus (metteur en scène), Michel Leiris (Le Gros Pied), Jean Aubier (Les Rideaux) et Kazbek, le berger afghan de Picasso. Ne se trouvent pas sur cette photo : Dora Maar (L'Angoisse Maigre), Germaine Hugnet (L'Angoisse Grasse), Raymond Queneau (L'Oignon) et Jacques Bost (Le Silence). Né en 1899, Brassaï, le photographe d'origine hongroise, avait rencontré en 1932 Picasso, qui lui avait demandé de photographier ses sculptures en Normandie et dans l'atelier de la rue de La Boétie. Il devait lui demander un nouveau travail dans l'atelier de la rue des Grands-Augustins de 1943 à 1946. Brassaï a réalisé un grand nombre de photos de "Picasso à l'atelier", notamment en 1939, pour le magazine Life.


En restant schématique, on a une vison en général d'une rive droite "populeuse" et d'une rive gauche "intellectuelle de gauche". Ca reste encore vrai dans l'ensemble.
Les choses évoluent pourtant. 
La rive gauche reste intellectuelle de gauche, mais devient riche et on y trouve des "bobos". 
Les quartiers populaires, voire miséreux du Nord de Paris sont réhabilités. Envahis désormais par une classe qui n'existait pas auparavant les nouveaux intellectuels de gauche "devenus pauvres", en majorité des enseignants de la fonction publique par exemple.
Et oui! actuellement Paris se vide de ce qu'on appelle "les professions intermédiaires", qui n'ont plus les moyens de vivre dans Paris. Soit il y a des gens avec très peu de revenus dans des logements dits "sociaux", soit des personnes avec des revenus beaucoup plus important que ce que n'accorde la fonction publique, même à des personnes qui ont fait des études supérieures.
Donc je "ballotte" entre rive droite et rive gauche. 
Dans le début des années 80 je vivais dans le XVIII ème arrondissement, habitant un deux pièces dans un immeuble pourri envahi par les cafards: une porte d'immeuble inexistante, un escalier tout de guingois, des familles qui laissaient pleurer leurs enfants dans le noir du palier et en-dessous de chez moi un bistrot dont le juke-box passait jusqu'à des heures indues "Au Nord, y'avait les corons", "Gabrielle" et les premiers airs de raï.
Lorsque je retourne me balader dans mon ancien quartier, je vois que les immeubles ont été restaurés en majorité: les digicodes sont apparus même là-bas (jeu de mot que vous ne comprenez pas c'est sûr!!! Ma rue, c'était la rue Labat).  Le quartier a affirmé son côté cosmopolite, il est devenu plus Afrique Noire qu'Afrique du Nord, et une visite dans le coin me procure un certain dépaysement. Mais je ne retournerais pas vivre là. Trop de bruit, trop de monde, alors que je recherche la quiétude désormais.
J'ai eu la chance de pouvoir m'installer, toujours sur la rive droite,  dans le IV ème, à une époque où cet îlot se métamorphosait: Partout s'ouvraient des galeries d'art, on y trouvait des restos et des boîtes "branchées", à la mode. Mais j'y ai perdu en surface habitable! Le quartier est devenu un peu "bobo". 
Puis le Marais et ses environs sont devenus le lieu de prédilection des gays. Même l'ancienne rue des Rosiers, le fief de la communauté juive de Paris disparaît peu à peu: de nouvelles boutiques, de nouveaux restos, une autre ambiance. Et des prix qui montent en flèche.
J'aime ma rue, étroite, avec ses bâtiments du XVI ème et du  XVII ème siècles, elle a gardé son côté petit village malgré tout. 
Et j'aime le quartier de Port-Royal / Denfert où je travaille. C'est ma campagne! Le jardin du Luxembourg est à 5 minutes, les avenues sont larges et bordées d'arbres. Je me ressource rive gauche! 
Et je rêverais d'y habiter à cause de la notion d'espace qui a enfin un sens!
Mais ...restons les pieds sur terre! je ne gagnerai pas au loto (vu que je ne joue pas) et je ne trouverai pas un mec riche (vu que je ne cherche pas).
Mais j'y arriverai peut-être à mettre Paris en bouteille non???

1 commentaire:

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